Dans cette série de blogs, je veux vous offrir quelques suggestions d'excursions d'une journée, à faire à partir de notre Moulin, pour vous donner une idée de la richesse des possibilités que nous avons dans notre région.
Je guide des visites à Libourne presque chaque semaine, mais une partie de la visite racontée dans ce blog était faite un mois de mai il y a quelques années avec Phil et mon père, lors d'une de ses visites chez nous. Papa affectionnait particulièrement le musée d'art de Libourne.
Nous allons voir :
- Libourne, son histoire, son marché et son étonnant musée d'art
- Un endroit sympa pour déjeuner avec toute la famille
- Des visites viticoles possibles l'après-midi dans la ville voisine de Fronsac
- Ou d'autres visites à faire près de Libourne, par exemple à ses Moulins.
Jours de visite suggérés : mardi, vendredi ou dimanche matin, lorsqu'il y a le marché en plein air sur la place principale.
Libourne est à 45 min en voiture de notre Moulin, à travers les célèbres vignobles de St Emilion. C'est une jolie bastide construite en 1270 sous l'ordre du roi d'Angleterre Henri III. L'un de ses chevaliers, Sir Roger de Leyburn, est à l'origine de sa construction à l'emplacement d'un ancien port gallo-romain appelé Condatis. Libourne était le principal port de navigation maritime sur la Dordogne, à près de 100 km de l'océan. Sa situation a permis des échanges entre la ville et le reste du monde. Le développement d'un commerce viticole florissant faisait d'elle l'une des villes les plus prospères de la région d'Aquitaine. A l'époque anglaise de notre histoire locale, des centaines de navires partaient du port de Libourne vers l'Angleterre, chargés de tonneaux de vin. Bien plus tard, au XIXe et au début du XXe siècle, les négociants corréziens donnèrent un nouvel essor au commerce du vin. En raison de la facilité de chargement et de déchargement des barriques, ils s'installèrent le long des quais du « Priorat » qui devinrent et sont encore aujourd'hui le cœur du commerce des vins de Libourne.
Commençons par une balade sur les quais récemment restaurés jusqu'à la grande porte (il n'en reste qu'une sur les neuf construites au XIVème siècle) ! C'est ce qu'on appelle la Tour du Grand Port (ou porte de la mer, et oui, étonnamment, la rivière Dordogne est marrée jusqu'à Libourne et un peu au-delà). La porte a été construite en 1367 : c'est la dernière partie restante des fortifications qui entouraient la ville à cette époque. Les murs auraient été impressionnants à 15m ou 45 pieds de haut. Les deux tours de la porte s'appelaient Tour Edouard, en hommage au Prince Noir et Tour Richard, pour son fils, devenu le roi Richard II (également une célèbre pièce de Shakespeare).
Franchissons cette porte et empruntons la route qui monte au point central de la ville, la place Abel Surchamp ! Les bastides étaient basées sur le plan du camp romain avec un forum au centre, deux axes perpendiculaires (le cardo et le decumanus) et de nombreuses routes secondaires, formant une grille. Le marché se tient ici depuis près de 800 ans, depuis la fin des années 1200. Les arcades entourant la place datent des XIIIe-XVIe siècles et ont été construites pour protéger les marchands et les acheteurs du soleil et de la pluie. Il y a un impressionnant hôtel de ville, en partie construit en 1427 dans le style gothique, puis rénové au début des années 1900 dans le style néo-gothique, inspiré par l'œuvre de Viollet le Duc, célèbre pour la flèche aujourd'hui perdue de Notre-Dame de Paris. .
Visitons le marché de plein air de Libourne (mardi, vendredi & dimanche matin) qui est l'un des plus importants de la région : en haute saison estivale, il y a des centaines de commerçants ! Il y a aussi un bon marché couvert tous les matins, sauf le lundi, dans l'une des rues (rue Montesquieu) menant à la place, où l'on peut acheter des produits fins chez de nombreux marchands spécialisés.
Si vous visitez un vendredi, entrez dans la mairie : au deuxième étage, vous trouverez un beau petit musée d'art, ce qui est vraiment assez exceptionnel pour une ville de cette taille. Le Musée des Beaux-Arts de Libourne présente un panorama d'œuvres d'artistes européens du XIVe au XXe siècle. Dès 1818, date à laquelle le fondateur du musée est nommé ministre de l'Intérieur par Louis XVIII, il fait envoyer à Libourne des œuvres majeures qui deviennent la base de sa collection. Tout au long des XIXe et XXe siècles, le musée a largement bénéficié de dons, legs, achats … En outre, à deux pas de l'hôtel de ville, la Chapelle des Carmélites accueille des collections temporaires.
Le musée principal, composé de deux salles, a conservé son décor d'origine du XIXe siècle, dont un magnifique vitrail décoratif portant l'emblème de la ville. Une chronologie dans la présentation des œuvres permet au visiteur de voyager à travers les siècles, en suivant l'évolution des styles depuis la fin du Moyen Âge, en passant par la Renaissance jusqu'à l'impressionnisme.
Le musée possède également un ensemble complet d'œuvres de René Princeteau. Issu d'une famille aisée de Libourne, l'artiste doit son succès à un talent exceptionnel pour représenter des chevaux de course. Cette passion le lie à Toulouse-Lautrec, dont il est à la fois l'ami et le précepteur, et toujours admiré par son brillant élève.
Astuce : il n'est pas rare ici, sur gentille demande, que les restaurants (et même les Châteaux) gardent vos courses au frais pendant que vous mangez (ou visitez).
C'est l'heure de déjeuner !
Nous décidons de regagner le quai où nous avions garé notre voiture et traversons le pont en direction de Fronsac, prenant à gauche une petite rue menant au restaurant Guingette au bord de la rivière l'Isle, juste avant qu'il ne se jette dans la Dordogne.
Qu'est-ce qu'une Guinguette ? À partir du XVIIe mais progressivement au XIXe siècle, il s'agissait de débits de boissons populaires situés dans la banlieue de Paris et d'autres villes de France. Renoir a peint leur atmosphère particulière. Les guinguettes servaient aussi de restaurants et, souvent, de salles de danse (et on peut encore danser à celle de Castillon-la-Bataille près de notre Moulin). Aujourd'hui, le terme « guinguette » est utilisé en France pour désigner une buvette au bord de l'eau, notamment en plein air !
En face de Libourne se trouve la Guinguette de la Vieille Tour et nous nous sommes assis au bord de la rivière surplombant la porte maritime mentionnée ci-dessus. Bonne cuisine, du bon vin et excellente compagnie. Réservez à l'avance pour éviter toute déception : www.guinguettedelavieilletour.fr
Visites de vignobles ou visites de moulins
Suggestion du programme pour l'après-midi : Moulins ou Wine Tours ou combiner les deux ?
L'Isle et la Dronne, deux rivières prenant leur source dans le massif central de la France, se rejoignent à Coutras puis se jettent dans la Dordogne à Libourne. Leur force hydraulique puissante et inépuisable a permis le développement de différentes activités telles que les minoteries mais aussi d'autres types d'industries.
Après 1453 et la fin de la guerre de Cent Ans, les nouveaux seigneurs décident d'installer des moulins, afin de redonner de la valeur à leur seigneurie par l'activité économique. Le moulin de Laubardemont est fondé en 1466, celui d'Abzac en 1471, celui de Penot en 1481, celui du Sablon des Peintures en 1482, etc. Les premiers moulins fabriquaient de la farine et abritaient des pêcheries. Dès la fin du XVIIIe siècle, grâce à la révolution industrielle, l'énergie hydraulique connaît de nouveaux usages et ces moulins médiévaux se transforment en aciéries, huileries, papeteries, minoteries etc. Les vallées de l'Isle et de la Dronne connaissent un essor industriel qui culmine avant la première Guerre mondiale. Après la Seconde Guerre mondiale, la mondialisation a apporté un arrêt fatal à la plupart de ces installations... Seuls quelques sites conservent encore une activité industrielle et pour ceux-ci, une nouvelle reconversion est en cours, via la production d'hydroélectricité ou le développement du tourisme.
Moulin de Porchères / Mill of Porchères
A 30 minutes en voiture de Libourne vous arrivera au Moulin de Porchères, construit en 1850, sur la rivière Isle. Le moulin de Porchères est une magnifique bâtisse en pierre qui transformait le blé en farine grâce à la puissance hydraulique de la rivière. Ses machines sont toujours en place aujourd'hui et sont inscrites aux Monuments Historiques. La visite guidée, d'une durée d'environ 50 minutes, permet de comprendre la fabrication de la farine, mais aussi de se replonger au temps des bateliers sur l'Isle. Il y a un atelier de boulanger, un moulin et une guinguette. Pendant la saison estivale, des concerts sont également organisés tous les week-ends. Depuis le moulin, partez à pied pour une boucle douce de 2,5km à la découverte des canaux et écluses de l'Isle, ainsi que de sa faune et sa flore. Réservez à l'avance sur www.tourisme-libournais.com/preparer/patrimoine#!/moulin-de-porcheres-833158
Vin et Moulin ? Moulin d'Abzac et Château d'Abzac
Combinez une visite de ce magnifique château avec une dégustation de vin et une visite de leur moulin encore en activité. A seulement 15 minutes en voiture de Libourne. Construit au début du XVIIème siècle, le Château est classé Monument Historique. Il appartient à la famille d'Anglade depuis 1796. Situé au cœur des vignes, juste au nord de Pomerol, il surplombe la vallée de l'Isle. De sa terrasse, on aperçoit la grande usine/moulin construit au XVIIIème siècle, qui est aujourd'hui le siège d'un groupe industriel familial : Abzac S.A. Contact pour les visites (sur réservation préalable) : www.chateau-abzac.com/index_FR.php
Vin
Pour les visites viticoles de cet après-midi, il faut réserver beaucoup en avance l'un ou l'autre des grands Châteaux de la région de Fronsac. C'est l'une des plus belles régions viticoles de Bordeaux avec ses vallées verdoyantes, ses châteaux de conte de fées et ses vues panoramiques sur la rivière depuis ses collines couvertes de vignes.
Vous n'avez peut-être pas entendu parler de cette région de Bordeaux, mais je pense qu'elle vaut la peine d'être explorée pour ces excellents vins d'un bon rapport qualité-prix à cinq minutes des célèbres vignobles de St-Emilion. Avec le même terroir calcaire sur une grande partie des coteaux : certaines parties sont même dans la continuité du plateau st-emilionais, et partagent les mêmes caves souterraines. Pourtant ces vins sont aujourd'hui moins reconnus que leur illustre voisin. Il n'en a pas toujours été ainsi. En 770, Charlemagne construit une puissante forteresse sur la colline de Fronsac et le nom "Fronciacus" apparaît. Près d'un millénaire plus tard, en 1634, le Cardinal de Richelieu acquit les terres du Duché de Fronsac pour sa famille et en conséquence la notoriété des vins de Fronsac se développa. Au XVIIIe siècle, la révolution qualitative des vins du Libournais y prend racine et l'essor du commerce maritime mondial contribue largement à mettre le vignoble de Fronsac parmi les plus nobles de Bordeaux. A cette époque, les vins de Fronsac jouissent de la plus forte notoriété parmi les vins du Libournais, se vendant aux prix les plus élevés, devant même Saint-Emilion et Pomerol. Et puis les choses ont changé, au fur et à mesure que les régions maintenant les plus célèbres se sont imposées et ont attiré l'attention des marchands. De nos jours, il y a un regain d'intérêt pour le Fronsac, dont les vins se vendent encore en grande partie en France, mais cela changera à mesure que l'œnotourisme et d'autres efforts de marketing répandront la nouvelle.
J'ai sélectionné quelques châteaux à moins de 15 minutes de Libourne que j'aime particulièrement at ou j'amène quelques clients de mes VIP Wine Tours. Je ne saurais trop répéter l'importance de réserver longtemps à l'avance (c'est une pratique courante à Bordeaux).
Château de La Dauphine - https://www.chateau-dauphine.com/en/
Une histoire illustre : ce château a été construit entre 1744 et 1750. Peu de temps après sa construction, Maria Josepha de Saxe, la Dauphine de France (l'épouse de Louis-Ferdinand de France, qui, en tant que fils de Louis XV, était le Dauphin) , et mère de plusieurs des derniers rois de France (dont Louis XVI) séjourna quelques jours au château. Cet événement contribua à la renommée de la propriété, nommée en souvenir de la visite de la princesse. Les vins sont très bien notés et la propriété est en agriculture biologique. Steven Spurrier du magazine Decanter le classe parmi ses « héros bordelais ».
Château de la Rivière - http://www.chateau-de-la-riviere.com/en/winetourism/
L'un des plus anciens châteaux de Bordeaux, cette magnifique propriété a été créée en 1577 par Gaston de l'Isle sur les vestiges d'un camp défensif construit par Charlemagne. Il est difficile de le manquer, car il se dresse fièrement sur la campagne dans de vastes parcs et jardins, qui valent également le détour. Le meilleur de tous sont ses caves calcaires, encore utilisées pour le vieillissement du vin. Ils offrent un excellent moyen de se rapprocher du terroir calcaire qui domine non seulement Fronsac mais aussi St-Emilion, Castillon et au-delà. Des visites variées s'adressent à différents publics, dont les familles. Vous pouvez même commander un pique-nique pour manger dans la belle cour. Bien qu'il s'agisse d'un domaine géré par des Français, les propriétaires sont chinois, vous pouvez donc également essayer leur cérémonie du thé et leur dégustation.
Profitez de votre journée !
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